le parlement dans la clairière

Arnaud Coulombe

En Abitibi-Témiscamingue, tout comme dans le reste du Québec, la gouvernance forestière reste un processus centralisé et gouvernemental. L'industrie forestière a la plus grande empreinte sur le patrimoine commun et la voix la plus forte à la table des négociations, néanmoins elle maintient son mécontentement à l'égard du régime actuel et entre constamment en conflit avec d'autres acteurs pour promouvoir une logique de profit. Les lois nombreuses et contradictoires régissant la foresterie ignorent pour la plupart les droits des peuples amérindiens et l'importance des forêts dans leur culture et leur économie. Chasseurs, campeurs, touristes et amoureux de la nature bénéficient pour l'instant d'une utilisation ponctuelle des forêts, mais leurs droits d'accès pourraient être mis en péril et, de fait, leurs activités doivent être surveillées et réglementées par un régime plus strict si l'on veut garantir la santé et l'utilisation durable des forêts. Les scientifiques, écologistes et activistes s’efforcent de faire parler la science au bénéfice de tous, mais ils sont fréquemment réduits au silence. Et les animaux et les plantes, à la fois usagers et produits, doivent bien avoir quelque chose à dire? C’est une voix qui est d’ordinaire ignorée, puisqu’il s’agit d’un langage étranger.

La présente proposition vise à créer un espace, une architecture, où les différentes voix revendiquant le droit aux forêts comme bien commun trouveraient un forum pour débattre de manière constructive de la façon de défendre la santé, la durabilité et la pérennité des forêts, en abordant en outre le changement climatique et la déforestation à l'échelle mondiale. Les nouvelles technologies de l'information seront déployées pour capter et amplifier les voix d'acteurs humains et non humains invités à débattre dans un parlement de la forêt et à promouvoir de nouvelles formes de « politique de la nature » dans une région du Québec encore définie par l'exploitation des ressources.