foResTERIE
Arnaud Coulombe, Adriana Menghi, Rachel Ducharme, Baptiste Kauffmann, Charles-Antoine Poulin
La recherche sur la foresterie et sur sa transition vers le 4.0 met en lumière la complexité des relations spatiales forestières via des interactions sociétales, économiques, historiques et technologiques. Entre les enjeux climatiques et les échanges mondiaux des produits du bois, toute forêt manifeste des signes alarmants d’une perte de couvert arboré causé par feux de forêts, urbanisation, foresterie et agriculture itinérante. Certaines nations démontrent que la foresterie, moteur économique d’exportation à l’échelle planétaire, cause aussi paradoxalement la perte de couvert forestier.
L’analyse de la foresterie à l’échelle territoriale observe la composition de la forêt québécoise et sa réactivité face aux perturbations. Le territoire se morcèle sous la pression sociétale des unités d’aménagement afin de récolter une quantité toujours croissante de ressource, se recouvrant de routes qui nuisent à la faune. De plus, une hypocrisie gouvernementale entoure les aires protégées, regroupant surtout des zones au nord du 49e parallèle, ne protégeant ainsi qu’un territoire peu diversifié et laissant vulnérable la vraie biodiversité de la province.
Le contexte régional de la foresterie se concentre sur les secteurs d’exploitation répartis dans l’Abitibi-Témiscamingue. Le territoire forestier est contrôlé surtout par le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), plaçant à pouvoir égal le Ministère et les entreprises forestières et reléguant au dernier rang décisionnel la population et les municipalités, les « vrais » propriétaires de ces habitats naturels. De plus, la forte majorité des emplois de l’industrie forestière se trouve dans la transformation du bois, secteur où le manque de main-d’œuvre est criant.
L’évolution historique de la région présente une croissance de la colonisation liée au développement de la foresterie. L’étalement territorial prend son essor au tournant du XXe siècle avec l’instauration de nombreuses entreprises et réseaux de transport qui sont restés plus ou moins inchangés depuis. Lorsque le désistement du marché papetier a fait son apparition vers la fin du siècle dernier, la stagnation démographique s’est manifestée en même temps que le rétrécissement des réserves, réduisant le droit des autochtones sur la forêt qui leur appartenait.
La foresterie peine à se moderniser pour entrer dans le régime du 4.0. Les collectes de données in-situ assurent une meilleure compréhension du territoire, mais les procédés demeurent embryonnaires. À cela s’ajoutent les efforts d’automatisation de la récolte et de transport pour atténuer les pressions d’une main-d’œuvre en déclin. Toutefois, un avenir prometteur se dessine à l’horizon avec une panoplie de produits dérivés du bois en pleine recherche et développement qui pourrait augmenter la valeur ajoutée aux ressources du bois et ainsi redéfinir ce que la forêt représente pour le développement durable.